Astuces de logopèdes pour aimer les multiplications
Promis, je n’ai pas exagéré le titre. Je suis allée à la rencontre de mes collègues logopèdes pour leur demander quelles étaient leurs techniques qui font mouche, leurs astuces sans faille et leurs bons tuyaux pour apprivoiser avec plaisir et bonheur le monstre « multiplication ».
Leurs techniques s’ajouteront donc aux miennes, avec en bonus des jeux à télécharger. Elle est pas belle, la vie?
Tout d’abord, pour planter le décor, un petit tour d’horizon de ce qu’on demande au cerveau de nos enfants lorsqu’on leur dit un truc du genre « 3X4=? »
– On leur demande en langage codé (littéralement!) de se représenter 3 paniers posés sur le sol, dans l’herbe du verger, avec 4 pommes dans chaque . – On leur demande de comprendre qu’un nombre représente une quantité et que cette quantité, peut être multipliée. – On leur demande de comprendre qu’un x, ce n’est pas un +. Donc en gros, il suffit de tourner un signe d’un 8ème de tour pour qu’une addition devienne une multiplication (mélangez ça avec une pincée de dyslexie, un soupçon de difficultés d’attention et une louche de brouhaha de la classe…) – On leur dit que c’est plus facile de faire 3X4 que de faire 4+4+4 alors qu’ils ont commencé l’apprentissage du calcul avec les additions et qu’en fait, pour eux, c’est plus facile d’additionner que de multiplier.
Bref, c’est un exercice assez compliqué pour eux car ils doivent associer des compétences de lecture, d’abstraction, d’arithmétique et de représentation mentale. Aux grands maux, les grands remèdes; c’est le moment de sortir les jeux et les cure-dents.
Petite précision à propos des tables de multiplication: Ca ne sert à rien de les connaître par coeur comme une chanson. Au mieux, ça servira à avoir de beaux points à quelques interros (ce qui est toujours sympa, ok). Mais un jour, la table de 7 arrive, et bardaf. Sur le long terme, ils finiront de toutes façons par les connaître, à force de les utiliser. Le bon apprentissage demande surtout de les comprendre.
1. La représentation mentale
L’essentiel, pour une bonne compréhension de ce qu’est « multiplier » est de se représenter des paquets. Symboliser les opérations pour les comprendre. Une bonne méthode pour aider les enfants à symboliser les opérations consiste à ne pas leur demander la réponse, mais leur demander de mettre le calcul en situation et éventuellement trouver la réponse suite à leur manipulation. « Si je te dis « 3×4″, ou 3 paquets de 4, trouve-moi un exemple qui te permet d’utiliser ce calcul ».
Des boîtes et des cure-dents peuvent aider la manipulation. Ou des bols, des verres, peu importe le contenant, et des bouchons, des bonbons, des billes, des pièces…
Un autre moyen pour la représentation mentale est « Le jeu des multiplications« . Il s’arrête à 6×6, ce qui permet de favoriser le processus et pas le calcul en lui-même. On prend deux dés, deux crayons de couleurs différentes et une feuille de papier quadrillé. On lance les deux dés et on dessine un rectangle en repassant sur le quadrillage. Les mesures du rectangle correspondent aux chiffres obtenus sur les dés. Cela permet de se rendre compte que 2X6, c’est juste 2 rangées de 6 cases. On peut compliquer le jeu en ajoutant un peu de stratégie, le but est alors de bloquer l’adversaire.
Cadeau n°1: Une fiche à imprimer pour jouer chez vous à volonté, au coin du feu, tranquillou.
Une fois que le système de multiplication est bien rentré dans leur jolie caboche, on agit sur la mémorisation. Cela sera plus facile vu qu’ils n’auront plus l’impression de devoir apprendre des nombres en vrac.
La règle numéro un, c’est de s’économiser. On fait le tour des calculs moins faciles à retenir dans chaque table et on n’agit que sur ceux-là. 0x7, 1×7, 2×7 et 10×7, c’est facile, ce n’est même pas la peine de s’attarder dessus. On s’économise et on va directement sur les autres. Les jeux ne manquent pas.
La cocotte en papier fonctionne assez bien. (Petit rappel pour plier une cocotte: on prend une feuille carrée, on marque le milieu, on ramène chaque coin vers le milieu, on retourne le tout, on re-ramène chaque coin vers le milieu, on plie en deux sur chaque médiane, juste pour marquer les plis, et enfin on passe ses doigts par dessous pour jouer avec la cocotte). On note des calculs à l’intérieur et les réponses par dessous. Les enfants disent un chiffre et la cocotte démarre, ils choisissent un calcul parmi les 4 calculs proposés et doivent donner la bonne réponse. Chacun à son tour.
Le serpent des tables permet de fixer de façon visuelle les nombres appartenant à telle ou telle table. C’est valable également pour d’autres petites règles de calcul (les nombres pairs ou impairs, les nombres de la table de 5 -qui se terminent par 0 ou 5- ceux de la table de 10, etc.) Tout ce dont vous avez besoin est un quadrillage. Vous écrivez les nombres recherchés pour former un serpent et remplissez ensuite les cases libres avec des nombres qui ne font pas partie de votre sélection.
Cadeau n°2: La fiche du serpent de la table de 7.
Pour activer la mémoire sur le plan kinesthésique avec les enfants qui retiennent mieux en bougeant, on peut créer un jeu de piste. Des petites fiches pliées en deux. Sur la face avant, un calcul. A l’intérieur, la réponse, et à l’arrière, l’indice pour aller au calcul suivant; A la clé une récompense (un bon pour un bisou, un bon pour une pause de 20 minutes avant les devoirs tous les jours de la semaine, une clémentine….) Ce n’est pas grand chose et ça ajoute un enjeu. Le calcul réussi permet d’aller au calcul suivant. Si ce n’est pas bon, on retourne au début *insérer un rire diabolique ici* Allez allez, un petit effort d’imagination et vous trouverez plein de cachettes pour les indices. Dans le frigo, dans les toilettes, entre les essuies, sous la gamelle du chat… Faites le parcours avec votre enfant. L’enjeu donne parfois envie de contourner les règles ?
Le puissance 4 des tables de multiplication est assez sympa également.
Il faudra, par contre, donner de sa personne puisque vous aurez besoin de deux dés à 12 faces (des dodécaèdres, vous trouverez ci-dessous un lien vers le patron, à imprimer sur du papier un peu cartonné, découper, plier…. j’avoue qu’une fois que les dés sont terminés, on a un peu envie de les mettre sous cloche et assommer le premier qui y touche – ça se vend peut-être en version « à personnaliser ») Sur ces dés, on note les nombres de 1 à 10 et on colle 2 jokers.
Vous aurez aussi besoin de la grille de réponses, à télécharger ci-dessous également. D’autant de crayons colorés que de joueurs. Et c’est tout.
On lance les deux dés, on résout l’opération et on colorie la case qui correspond au résultat. Le but est d’aligner horizontalement, verticalement ou en diagonale 4 cases coloriées dans sa couleur; Chaque réponse est écrite plusieurs fois (à part les carrés, c’est logique) et donc, comme c’est un puissance 4 et qu’on est stratège, on choisit avec minutie la case qu’on va colorier pour ennuyer nos adversaires. Il y a 2 jokers par dé. Si, en lançant les dés, on a 1 joker et un nombre, on est libre de multiplier ce nombre par ce qu’on veut pour colorier une case stratégiquement intéressante. Si on obtient 2 jokers, on colorie la case que l’on veut;
Cadeau n°3: Le puissance 4 des tables à imprimer, le patron du dodécaèdre, les jokers et la grille de réponses.
Bataille est aussi un super jeu. Soit bataille dans une seule table, soit en mélangeant les tables, soit, encore plus subtil, en mélangeant les cartes de multiplications à des cartes d’additions. Ça permet de fixer les difficultés de traitement entre ces deux opérations, pour les enfants qui confondent encore un peu. Bataille permet aussi de favoriser les compétences en approximations puisqu’ils auront vite fait d’éviter de calculer mais essaieront quand même de se rapprocher de la réponse. Le jeu est valorisant même lorsqu’ils ne connaissent pas encore parfaitement leurs tables puisqu’ils peuvent gagner sans avoir énoncé de bonne réponse (pour rappel, on gagne la main lorsque l’on a la carte avec la plus grande valeur)
Cadeau n°4: Les cartes à imprimer sur du papier un peu cartonné pour jouer à bataille. Je me suis limitée aux tables de 7 et 9, vu que généralement ce sont celles-là qui sont moins vite retenues mais vous pouvez en faire autant que vous voulez (traitement de texte, créer un tableau de 4 lignes et 4 colonnes, et remplir les cases par des calculs) J’ai ajouté quelques cartes d’additions. Imprimez-les en double pour pimenter et allonger le jeu.
On n’oublie pas la petite astuce pour la table de 9. La somme des deux chiffres vaut 9, toujours.
Toujours pour la mémorisation, mais avec un support très imagé, les Multi-Malins proposent des petites histoires animées. Le premier chiffre interagit avec le second et de cette interaction découle un résultat. Le support animé est complété de cartes derrière lesquelles des questions sont posées afin d’aider l’enfant à retenir le calcul dans sa forme séquentielle (l’histoire) et visuelle (les personnages représentent les chiffres)
Exemple pour 7×9 = 63: « La scène se passe à la piscine. Le 7 est en forme d’un plongeoir, le chiffre 9 est en forme d’un bonhomme à la tête d’oeuf et le signe “=” forme les vagues. Le 9 monte sur le plongeoir pour faire un plongeon. Il s’élance et saute en arrière. En l’air, il se retourne et devient un 6. Comme la piscine est toute petite, il atterrit de l’autre côté et se cogne sur le rebord de la piscine. Il se fait alors des bosses en forme de 3 : « Boum ! » C’est le résultat 63 ! »
L’intérêt de ce matériel est qu’il donne une nouvelle représentation mentale. Le fait qu’elle soit animée aide beaucoup les enfants. Le 7 sera toujours un plongeoir et le 9 sera toujours un bonhomme à la tête d’oeuf. Chaque chiffre aura son image et les enfants s’amusent à retrouver quelle histoire met en relation les deux personnages et quel est le résultat de cette histoire. Etant donné que 7×9 = 9×7, ils n’ont qu’une partie des calculs à retenir.
Le site des multi-malins donne un exemple en vidéo.
Enfin, lorsque les tables sont comprises et relativement mémorisées, les enfants adorent les exercices chronométrés réguliers pour tenter de se dépasser et battre leur record de vitesse.
Voilà, voilà, avec tout ça, ils les connaitront, leurs tables! Il s’agit d’une liste très réduite par rapport à tout ce qui peut se faire, et les idées se pressent encore rien qu’en écrivant cet article.
Véronique (notre spécialiste du soutien scolaire), ainsi que Maud, Adélaïde, Madison et moi-même (la logo-team) espérons que ces quelques idées seront utiles et vous permettront d’aider vos enfants à appréhender les multiplications avec plaisir!
Article rédigé par Sophie